24 septembrie 2005

Souvenirs: Les foins de mes vacances


<----Tata Ion en 2004, à 84 ans.

Ces temps - et la cause doit être ce grand changement que nous préparons - il y a énormement de souvenirs de mon enfance, que je pensais enfuis à jamais, qui reviennent.

Il y a deux jours, je me suis rapellées mes premières grandes poupées. Zamfiroiu était brune aux cheveux légérements bouclés et avait une robe couleur des granates, en velours. Otilia, que l'aimais moins, était un poupon blond.

Hier je me suis rappéllées les matinées d'été où Tata Ion, mon papi, partait faire les foins. Pour s'assurer d'une bonne journée de travail, il fallait qu'il fasse beau. Il se réveillait à 4h, s'occupait des animaux, fixait le faux, la fourche, la herse en bois léger sur son vélo. Le sac avec les répas du jour fixé sur le porte-baggages, à côté de la gourde ou le bidon d'eau, il partait pour la journée. Il disait qu'on coupait mieux les herbes quand la rosée les rendait encore très fraîches, alors que plus tard, la chaleur allait les défraîchir.

Les jours quand nous avions envie d'aller l'aider (heu, parfois on avait pas envie mais Mama Lena, ma mamie, insistait un peu) on lui portait un déjéuner chaud. Alors, nosu étions très fières de voir qu'il appréciat, alors qu'il travaillait déjà déjà 5-6 heures de travail, qu'on ait pensé à lui.

Les parcelles à foin sont, de tout evidence, en dehors du village et souvent il y avait des collines à monter. Un trajet par forcement facile poru des gamins de 10-14 and. Souvent on trouvait de l'eau de source sur place : soit des petites sources avec juste un tuyau sortant de la terre, soit un simple trou en terre, dans un endroit ombragé. C'était pas une des mes escapades préférées, que d'aller jusqu'à la source la plus proche ; mais une fois sur place, quel bonheur de découvrir, par un jour souvent très chaud, la fraicheur de l'eau !

Dans le paysage valonné, clairsémé d'arbres, on voyait des villagéois travailler sur les parcelles voisines. Ils s'adressaient souvent la parole par délà le champs. Les enfants n'étaient jamais ignorés, ils avaient toujours un bon mot pour nous. Contrairement aux idées recues, les adultes ne chantaient pas. En révanche, on s'envoyait de blagues ou parfois de potins, des nouvelles d'un parent vivant dans un autre vlllage, par dessus les champs. C'était beau à voir : les hommes, sourtout ceux vennant des villages plus isolés, avec leurs pantalons blancs faits-maison, maniant les faux. Les femmes portaient et portent encore de grandes jupes. Les femmes fauchent rarement. Leur rôle est d'eparpiller les herbes coupées et de les tourner pour les sécher, puis de s'occuper du ramassage. Tous portent de beaux chapeaux de paille. Nous, les enfants, on donnait un coup de main en jouant.

A midi, les jorus sans déjéuner chaud, on mangéait de la saucisse séche ou du saindoux fumé, en tranches (nommé slănină en Roumain...un produit que j'ai rétrouvé en Allemagne, mais nulle part ailleurs). Il y avait du bon fromage de brébis, à peine fermenté, le caş, ou alors du fromage frais, proche de la feta, nommÂe telemea. Des tomates, poivrons, du pain souvent fait dans le grand four, par mamie. On trouvait parfois de prunes, sur place, ou des pommes primeurs. Les hommes avait parfois un petit flacon de ţuică, une eau de vie dont la version internationale la plus proche est la grappa. Mon grand-père ne touche plus à l'alcohol, et cela depuis plus de 30 ans, mais il prennait toujours soin d'en prendre avec lui, s'il avait des ouvriers ou un de mes oncles pour l'aider. Jamais je comprendrais comment ces paysans résistent au travail trés difficile, à la chaleur, tout en avoir bû une ou deux dizaines de ml de cet alcohol.

Il faut deux à trois jours de travail pour une bonne parcelle de foins. Et, selon les années, il y avaient deux, rarement trois 'r'ecoltes'. Avec ma soeur ou mes cousines, nous aidions au séchage. On maniait les fourches en bois ou de légères herses en bois que Tata Ion nous avait confectionné. Ensuite il s'agissait de faire de petites bottes, en fin de journée, afin que la rosée de la nuit ne mouille pas trop les foins. Cette partie du travail était un de mes grands plaisirs : je pouvais faire presque ce que je voulais, il y avait peu de chances que ces bottes soient trop mal-fichues. Le lendemain Tata Ion, qui s'y rendait souvent pour faucher une autre parcelle, ou alors Mama Lena, acconpagn'ee par ses ni'eces, commencait par éparpiller les bottes provisoires. Encore une journée de séchage et on pouvait rammasser les foins et les monter en grosses bottes bien tassées, qui pouvaient attendre le jour du transport. La technique pour faire ces botte dépend de la région.

Quand je retourne en Transylvanie, je remarque encore, souvent, qu'en montagne elles sont légérement différentes ..ce doit être une question de prévention contre les vents et les précipitations. DÂailleurs, il y a dans ce monde peu d'autres paysages qui me vont autant au coeur que celui des paturage, en zone de collines ou de montagne, clairs'em'es des bottes de fois, qui etendent leurs longue sombres dans la lumi*eres douce comme le miel d'une soir'ee de fin d''et'e.

Le jour du transport des fois c'etait le bonheur. On partait en chariot tiré par un ou deux chévaux. Aux époques quand mes grands-parents possédaient eux-mêmes un chéval, il arrivait qu'on se rende tous les jours en chariot. Le cheval passait alors la journée à brouter et - si c'etait une bete plutot sage - a courrir pas trop loin. Sinon, c'était un voisin, ou rarement un de mes oncles, qui nosu empruntait un ch'eval, le jour du transport vers la maison. Le foin était bien fixé sur le chariot...Pour l'occasion, les quatre rues etaient surmontees dÂune plate-forme ; un long bout de bois bien poli (un tronc d'arbre ecorché) servait comme axe au chargement. Des chaines, passées en dessus du chargement, le fixait. Si le chemin était plat ou descendait en pente douce, conducteur et passagérs, on grimpait sur la botte, C'était un autre de mes grands bonheurs...m'allonger dans le foin, tout en haut du chariot, bavarder et regarder le ciel et les sommets des arbres, se faire bercer par le trot des chévaux. Mais une fois à la maison il fallait décharger, et personne n'allait diner ou se réposer tant que le foin n'était bien á la place, au grenier ou empillé dans une immense botte d'hiver, dans le jardin. En hiver, vaches et chevaux allaient se r'egaler.

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